Abderrafie Zouiten: les objectifs de la vision 2020 ne sont plus d’actualité
Le directeur général de l’ONMT s’est voulu rassurant sur la résilience du Maroc en 2015, mais a toutefois reconnu que le Maroc n’atteindrait pas 20 millions d’arrivées en 2020 et que l’Office pourrait mieux le promouvoir, s’il disposait de davantage de moyens financiers.
Lors d’une conférence de presse ce lundi 4 janvier, Abderrafie Zouiten a affirmé que malgré la succession de facteurs exogènes négatifs, l’activité touristique du Maroc s’en est très bien sortie en 2015 par rapport à d’autres pays.
Citant le décompte aux frontières de la DGSN, il annonce que les chiffres des arrivées pour l’année écoulée ont connu une quasi-stagnation avec un recul minime de 0,2%. Les arrivées des RME ont crû de 7%, alors que celles des touristes étrangers ont reculé de 7%. En réalité, le tourisme a été sauvé par les RME. Les statistiques touristiques nationales incluent en effet les arrivées de RME et ce depuis le passage de Adil Douiri à la tête du ministère.
«La situation aurait pu être beaucoup plus grave, avec la multiplication des facteurs extérieurs d’amalgame (Charlie hebdo, Daech…) et intérieurs (jupe d’Inezgane, surfeurs d’Agadir, Much Loved …) ».
Il avance que la diversification des marchés émetteurs extérieurs (Allemagne et Angleterre) et l’intérêt croissant des Marocains pour le tourisme national ont permis d’amortir le choc de la désaffection française (1er marché touristique du Maroc).
L’ONMT espère faire passer dans les trois prochaines années la part des nuitées des touristes internes de 32% à 40% de leur total.
Revenant sur les chantiers que va entreprendre l’Office en 2016, Abderrafie Zouiten révèle qu’une refonte totale de l’ONMT sera opérationnelle en juin 2016, qui changera même l’appellation de l’organisme de promotion touristique.
La communication (relations publiques, stands dans les salons étrangers, publi-reportages tv ou presse écrite…) sera son principal cheval de bataille pour séduire les touristes étrangers et nationaux.
Pour 2016, la stratégie de l’ONMT s’appuiera en particulier sur le développement du digital et de nouvelles dessertes aériennes en provenance de nouveaux marchés (Moscou, Abu Dhabi…). Revenant sur l’ouverture d’une ligne émiratie Abu Dhabi-Rabat en janvier et d’une desserte RAM entre Moscou-Casa-Agadir, Zouiten a aussi confirmé des négociations avec la compagnie américaine Delta Airlines pour un vol Washington-Marrakech.
« Cette compagnie dessert cinq ou six destinations en Afrique et pas le Maroc, qui se veut la porte de ce continent. Il nous faudrait deux compagnies américaines qui assurent des liaisons avec notre pays, car Delta Airlines à elle seule, a une filiale (Delta Vacation) qui dispose de 90 millions de clients, ce qui en soi est une formidable force de frappe et caisse de résonnance ».
Pour pallier la désaffection française, l’ONMT veut faire à terme du marché allemand et britannique des marchés millionnaires (plus d’un million d’arrivées chacun) à l’instar de la France (3,5 millions) et de l’Espagne, avec ses 2,5 millions.
A terme, l’ONMT veut opérer une rupture de ses méthodes pour engranger à l’horizon 2017 un gain de 1,5 million de touristes, grâce notamment à la création de nouvelles dessertes aériennes directes (Russie, Scandinavie, Chine …).
Interrogé par notre rédaction sur le manque de réalisme du chiffre de 20 millions de touristes pour l’année 2020, le directeur a reconnu que l’objectif de la vision 2020 ne serait pas atteint.
«Au-delà des chiffres annoncés qui ne sont pas du ressort de l’Office, nous essayons de maintenir une mécanique de croissance optimiste, même si ces chiffres sont aujourd’hui clairement dépassés».
Sur le manque de moyens alloués à l’ONMT, le directeur s’est refusé à désigner un coupable ou à simplement reconnaître que le tourisme n’est pas une priorité du gouvernement actuel.
«La vision 2020 est censée nous octroyer un peu plus d’un milliard de dirhams pour la destination Maroc (1% du total des recettes touristiques au lieu des 3% de la norme internationale).
Il est vrai que notre budget de 600 millions est en légère baisse par rapport à 2014, mais je pense qu’il y a une prise de conscience gouvernementale pour nous mettre au même niveau de priorité que le secteur de l’éducation et de la santé, car nous contribuons activement à la création d’emplois ».
Optimiste, Abderrafie Zouiten s’est dit persuadé que le secteur du tourisme a de beaux jours devant lui, mais que le Maroc avait encore du travail pour développer une image plus forte à l’international.
Source: http://www.medias24.com