Az-Eddine Skalli Pdt Commission Marketing & Promotion (CNT)
Penser le Mice autrement
Le Maroc est en train de se confirmer en destination Mice à part entière, en abritant des congrès mondiaux de haute facture. Mais pour performer davantage ce segment, A.skali préconise une batterie de mesures à mettre en place, tout en s’impliquant dans le paradigme de la durabilité.
Quelle est la situation du MICE au Maroc au niveau national et international ?
Le potentiel que revêt le tourisme d’affaires est très important, raison pour laquelle le Royaume du Maroc a placé le MICE comme une niche à haute valeur ajoutée mais la conjoncture internationale (crises répétitives, amalgame et restrictions budgétaires) a fait que les organisateurs d’évènements préfèrent rester dans leur propre pays. La baisse est notable ces dernières années, mais il faut maintenir le cap et la pression même si nous n’avons pas une visibilité à moyen et long termes.
Le Maroc dispose d’atouts indéniables pour profiter de la nouvelle dynamique du tourisme d’affaires. C’est aussi un marché qui peut s’avérer porteur si nous y mettons les moyens tant logistiques , qu’humains et financiers pour le développer.
Il est entendu qu’en fidélisant un touriste d’affaires tout en prolongeant son séjour chez nous, nous allons positionner le produit Maroc sur l’échiquier national et international haut de gamme sans conteste. Notre vœu est de voir d’ici 2020, notre destination devenir le lieu par excellence de l’organisation de congrès et meetings de grande envergure. Nous sommes encore à valeur d’aujourd’hui, dans la trajectoire d’évènements dont le nombre se situe entre 100 à 300 personnes et nous recevons peu ceux qui comptent une participation plus nombreuse en milliers de convives. Par ailleurs, le Maroc n’est pas bien introduit auprès des grands organismes & associations MICE et notre communication n’est pas ciblée comme il se doit, il s’agit de revoir de fond en comble notre approche marketing mix pour prétendre se positionner sur l’échiquier.
La Vision 2020 compte consolider l’offre marocaine à travers la mise en place de plusieurs structures spécialisées dans l’accueil d’évènements d’envergure in ternationale, dont des centres de conventions et des espaces d’expositions. Qu’en dîtes-vous ?
Je ne peux qu’adhérer et encourager de telles prérogatives qui seront les bienvenues, car nous pourrions dès lors consolider l’offre. En effet, si celle-ci est mieux adaptée et présentée de façon professionnelle, nous pourrions drainer plus de clients. Les délégations ONMT à travers le monde font un travail de fond sur lequel il faut capitaliser. Elles doivent absolument accomplir, également, un travail de lobbying plus important et s’entourer, au besoin, de décideurs sur place pour consolider les acquis et vendre la destination par le MICE.
C’est en ce sens, que la mise en place du Moroccan Convention Bureau pourrait répondre aux attentes des acteurs du MICE et développer une dynamique bénéfique à court, moyen et long termes pour toutes les parties prenantes. Organisme à but non lucratif, il regroupe des agents actifs dans le tourisme (Office de Tourisme, Palais des Congrès, agences, hôtels, transporteurs, compagnies aériennes, restaurants et toute autre profession impliquée en amont ou en aval).
Je suis convaincu qu’il permettra de renforcer notre présence à l’échelle internationale et de mieux faire connaitre le Maroc et, par conséquent, de mieux le commercialiser. Tous les acteurs au sein de la ville, les chambres de commerce, les organismes de tourisme, chacun a son rôle à jouer en tant que conseiller d’un lieu de congrès, tout en facilitant l’information. Le MCB serait l’interlocuteur et le facilitateur pour toute manifestation MICE programmée.
Quels sont les marchés les plus importants à cibler ?
Au vu de la conjoncture actuelle, un effort tout particulier doit être accompli sur le marché local et national .Il existe une vraie demande de la part des administrations publiques et offices mais également des sociétés privées et multinationales installées sur le territoire.
Ceci étant, le marché européen est tout aussi important mais il s’agit pour nous aussi de procéder à des prospections efficientes sur les marchés émergents que sont l’Inde, la Chine, la Russie & les USA,….
Sur quels types d’évènements avons-nous le plus de crédibilité?
L’incentive fut pendant longtemps le format le plus utilisé, mais la conjoncture et le manque d’expertise de certaines agences ont fait que nous avons perdu une grande part de marchés.
Il serait opportun de naviguer sur la vague des congrès et salons qui sont devenus légion ces dernières années. Et l’on peut encore prétendre posséder les atouts pour y faire face .D’ailleurs, le prochain COP 22 devra être un moment fort où nous serons amenés à prouver nos capacités d’organisation, car le nombre de participants sera fort important et la synergie entre tous les corps de métiers est indispensable pour relever le défi.
Quelles sont les destinations marocaines du MICE les plus cotées et celles qui présentent un potentiel mais qui ne disposent pas encore de l’infrastructure nécessaire ?
Nous pouvons dire que Casablanca, Marrakech, Tanger, Agadir, Fès et Dakhla constituent nos chevaux de bataille. Comme d’habitude, la ville la plus développée reste Marrakech qui, grâce à son Palais des Congrès, a déjà drainé de nombreux événements. Ensuite, il y a le Centre de Conférences de la Palmeraie et celui du Ryad Mogador qui ont apporté un nouveau souffle, mais cela s’avère insuffisant. Souvent, nous devons monter des structures provisoires adaptées pour répondre aux besoins en matière de capacités.
Toutes les grandes villes du Royaume devraient suivre: Casablanca, Agadir, Tanger, Dakhla et Fès doivent absolument disposer d’un vrai palais de congrès avec une infrastructure adéquate, capable de recevoir de grands congrès. Elles devraient, chacune, avoir son propre palais des congrès, des espaces de restauration avec de grandes capacités, et une offre diversifiée capable d’attirer ce client fort exigeant et lui faire passer quelques jours dans la destination choisie.
Quels seraient, selon vous, les facteurs de réussite de la destination Marrakech dans l’offre MICE ? Serait-ce sa capacité d’accueil spécifique ou son cadre de vie ?
Nul besoin de rappeler que la magie de Marrakech reste unique voire universelle. La perle du sud a plutôt bien développé son tourisme, quoiqu’il y ait toujours encore à faire. Déjà par son climat, sa population chaleureuse, la diversité de l’offre et une capacité d’accueil très honorable, Marrakech reste une ville prisée aussi bien par les touristes internationaux que les marocains qui lui ont donné un cachet bien spécifique. Il serait opportun de travailler encore plus ce que l’on appelle le marketing territorial et imposer le label Marrakech dans toute son ampleur pour en faire le lieu d’un développement harmonieux du tourisme durable.
Certes, la capacité en général est limitée, mais celle-ci vient d’être renforcée par l’ouverture de nombreuses unités et bien d’autres établissements dont l’ouverture imminente est prévue pour le courant de cette année. Ceci renforcera davantage le positionnement de Marrakech en matière d’organisation d’événements de grande ampleur. Il ne faut pas oublier que, récemment, cette même ville a abrité le congrès CNDH dont les chiffres ont dépassé les 9 000 participants.
Je pense qu’actuellement, l’infrastructure existe et est en essor continu, nous habilitant à honorer de nombreuses manifestations internationales. En ces temps moroses, il faudrait continuer à améliorer notre image en tant que pays de grand accueil ; l’hospitalité marocaine n’est pas à ignorer.
L’industrie marocaine du MICE est une niche fortement concurrencée, notamment par l’Espagne et la Turquie. Quels seraient les moyens pour pallier ?
Par rapport aux deux destinations que vous venez de citer, ou tout simplement par rapport à l’Europe en général, le Maroc reste un pays exotique à quelques heures de vol uniquement de l’Europe. Bien entendu, l’Espagne et la Turquie ont une grande diversité de l’offre répondant à tous les budgets et où le balnéaire et le culturel sont bien développés et mis en valeur.
Tout doit être mis en valeur pour attirer et assurer la sérénité et le confort du citoyen ou du touriste : ouverture de toilettes publiques au niveau des monuments, des cafétérias, des bancs et jardins publics fleuris où peuvent se reposer nos visiteurs. Considérant notre riche culture, il faudrait développer également une animation et des activités ludiques et sportives.
A part l’hôtel et le restaurant où peut aller le client, les activités ne sont pas suffisamment développées au niveau de toutes les villes. La propreté, l’engagement civique, la qualité du potentiel humain à tous les niveaux jouent également un rôle important.
Nous pouvons donc y pallier en offrant des prestations sans faille : assurer la sécurité, en mettant en place un produit propre et compétitif, proposer une animation et des activités au niveau de l’ensemble des villes. Enormément de défis sont à relever et il faudrait s’y atteler dès maintenant en encourageant les investissements par les jeunes et sensibiliser la population, en général, pour contribuer au développement du pays.
Revenons au MICE national, quel serait le plan d’action à préconiser pour aller de l’avant et espérer avoir des résultats probants ?
Le développement du MICE Maroc a connu une dynamique toute particulière et devrait afficher une croissance positive. Sa dominante est axée sur une demande relative aux séminaires, réunions, conventions de cadres et aussi du Team Building pour des opérations de petite et moyenne tailles.
Le MICE Maroc, composante du tourisme interne, pourrait constituer une réponse face à la conjoncture avec un effet inducteur de structuration sur le long terme.
L’axe Casablanca – Rabat constitue le principal réservoir et Marrakech, Fès, Agadir et Tanger bénéficient d’une bonne accessibilité à partir des zones émettrices, d’autant plus que le secteur n’est pas marqué par une saisonnalité particulière.
Il nous revient de mettre en place des actions de sesnsibilisation, une démarche de valorisation, une stratégie de promotion et de fidélisation pour espérer à moyen et long termes, à tout un chacun, de saisir l’importance du MICE Maroc et l’opportunité business qu’il peut engendrer.
Que faut-il faire pour que le Maroc devienne une véritable destination MICE ?
Pour en faire une véritable destination M I C E, nous devons améliorer ce qui suit :
– La sécurité, l’accessibilité par une desserte aérienne à des prix compétitifs, l’attractivité touristique et une organisation parfaite assurée par de vrais professionnels (formation continue du personnel à tous les niveaux).
– Devenir membre d’organisations internationales connues et reconnues dans ce créneau.
– Travailler de fond en comble le volet communication (focus particulier sur l’aspect digital).
– Etudier sérieusement la politique tarifaire pour concurrencer les destinations européennes.
– Constituer une base de données de Meetings Planners.
Enfin, il faut bien différencier entre les composantes de ce produit avec les spécificités de chaque segment : Meetings, Incentives, Congres et Conventions, Exhibitions .Avec du sérieux, de la qualité et du respect de nos engagements vis-à-vis d’un tourisme solidaire et responsable , nous pouvons atteindre les objectifs prescrits à l’horizon 2020..
Source: http://tourismeetgastronomie.ma
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