Entretien avec Hamid Bentahar, Pdt du CRT Marrakech-Safi
MICE : 15% de l’activité touristique de Marrakech
Marrakech est, incontestablement, aux devants de la scène en matière de congrès et événements festivaliers internationaux. Le développement du tourisme des congrès mobilise tous les corps professionnels et publics de la destination pour la positionner davantage sur ce segment.
Le point avec Hamid Bentahar, Président du CRT Marrakech-Safi…
Quelle place occupe le segment «MICE» dans l’offre Marrakech et région ?
Il faut reconnaître que depuis 1989, date à laquelle fut construit Palais des Congrès de Marrakech, la destination a introduit, dans son offre, la vente du MICE puisqu’elle disposait, alors, d’une infrastructure dédiée et appropriée à l’époque. Cette réalisation a été le déclic qui allait, des années plus tard, favoriser le développement de ce segment, en dotant Marrakech de nouvelles infrastructures, au nombre de 3 aujourd’hui : le centre de congrès du Palmeraie Golf Palace et celui du Mogador Agdal, en plus du Movenpick Palais des Congrès Mansour Eddahbi. Cette offre est, notamment, renforcée par les capacités offertes par les 20 établissements hôteliers classés qui, chacun, peut accueillir de 100 à 500 personnes.
D’ailleurs, ce nouveau positionnement de la destination a porté les futurs programmes hôteliers à prévoir des structures répondant à la demande en séminaires et événementiel.
Or, pour tenir de grands congrès avec un volume important de congressistes, il fallait répondre à une demande aussi conséquente à travers des sites aménageables. A Marrakech, on n’en manque pas, tels Bab Jdid, Bab Marrakech, Bab Menara, etc. Je cite ici, pour l’exemple, site Bab Jdid où a été tenu le congrès américain Partner Ship, qui a vu la participation de plusieurs milliers de personnes. Les organisateurs étaient largement satisfaits par la qualité logistique d’organisation ainsi que des services d’accompagnement.
Tout cela milite, bien entendu, pour un positionnement privilégié de Marrakech à condition que l’aérien suive, par une meilleure adéquation entre les vols réguliers, le low cost et la business class. Il faut savoir que le touriste d’affaires est très exigent et cherche toujours le meilleur confort qui soit pendant son voyage avec des prix adaptés. En d’autres termes, il serait préférable que les vols destinés aux clients du MICE soient adaptés à leur segment.
Parallèlement, je pense qu’il y a un effort à faire au niveau de la promotion du MICE, à travers la mise en place d’actions promotionnelles ciblées et définies dans le temps.
Marrakech peut s’enorgueillir d’avoir accueilli de grands congrès et sommets mondiaux vendeurs de la destination. Pouvez-vous nous retracer les plus représentatifs et à forte valeur ajoutée en termes de promotion ?
On peut dire que Marrakech s’est bien positionnée sur le segment MICE depuis qu’elle ait intégré ce segment dans son offre marketing. Parmi les grandes manifestations accueillies, je citerai, par exemple, les congrès de General Motors (17.000 personnes), le GATT 3.000 personnes représentant 123 pays), la FIFA plus de 1.000 personnes), etc. La destination peut se prévaloir, également, d’abriter des événements mondiaux à haute valeur ajoutée et qui sont devenus des cas d’école, comme le Festival International du Film, le Festival International du Rire, le Grand Prix Moulay El Hassan de Course Automobile, le festival du Caftan, etc. Institutionnalisés, ce sont des opérations annuelles qui connaissent, d’année à l’autre, un succès notable. Sans parler des différents congrès tenus à longueur d’année dans plusieurs secteurs d’activité sportive, culturelle, artistique, scientifique, médicale, économique et sociale.
Il faut dire que le segment MICE participe activement dans le développement du secteur du tourisme dans la ville ocre, à raison de 15% et permet à la destination de mieux se comporter pendant les périodes de basse saison en novembre, janvier et juin. En même temps, le MICE est aussi générateur de plus-values tirant la destination vers le haut, car il favorise la construction d’unités haut-de-gamme destinées à accueillir les hommes d’affaires et les personnalités mondiales séjournant à Marrakech.
Il faut savoir que le touriste d’affaires est trois plus dépensier qu’un touriste classique. Au CRT, nous sommes conscients de l’importance de ce type de client, raison pour laquelle nous avons introduit, pour la troisième année consécutive, le segment MICE en priorité au même titre que le tourisme de famille.
Cet intérêt est tel que nous travaillons de concert avec l’ONMT, les autorités locales et les élus en vue de booster ce creneau. D’autant plus que Marrakech dispose de tous les atouts l’habilitant à devenir une destination MICE confirmée, notamment le dépaysement, le cadre de vie et la sécurité.
A côté de cela, tout un savoir-faire a été mis en place contribuant au développement du MICE à Marrakech. Mieux, les élus et pouvoirs publics ont saisi l’opportunité de doter cette industrie d’infrastructures d’accompagnement, en améliorant la qualité de l’environnement urbain et la gestion des services annexes.
Quels seraient les grands événements MICE attendus en 2016?
A mon avis, le plus grand événement que Marrakech va abriter est, sans aucun doute, Cop 22 qui se déroulera du 7 au 18 novembre 2016. Il s’agit d’un événement capital dans l’agenda climatique mondial, puisqu’il s’agit d’une conférence annuelle sous l’égide des Nations Unies et qui a pour thème les changements climatiques. Après la COP 21 à Paris, les grands de ce monde se trouveront, donc, à Marrakech pour débattre de sujets en rapport avec le changement climatique planétaire et l’innovation en matière d’adaptation. La COP 22 aura aussi pour mission de développer des outils opérationnels dans le cadre du plan Paris-Lima puis Paris-Marrakech. Un relai dont le Maroc devrait être fier.
Autre rendez-vous non moins important et qui est délocalisé cette année vers Marrakech concerne le Grand Prix Hassan II de Tennis. Cette compétition, d’ordinaire organisée à Casablanca, réunit les meilleurs joueurs de tennis de terre battue. Elle aura lieu au Royal Tennis Club de Marrakech, dont une enveloppe de 6 millions de DH sera investie pour l’aménagement des installations du club, notamment l’augmentation de la capacité d’accueil du court central du RTCMA qui sera portée à 3.500 places.
En accueillant cette grande manifestation de tennis, Marrakech réattire un rendez-vous sportif qui était le sien et c’est légitime. En effet, le Grand Prix Hassan II refait son retour à Marrakech 25 ans après l’avoir quitté, plus précisément en 1989. Pour mémoire, la ville de Marrakech a abrité les quatre premières éditions du GP Hassan II qui a démarré en 1986. Les élus de la Ville, de la Région et les autorités locales se sont fait un point d’honneur d’accompagner cette compétition comme il se doit, en se mobilisant pour l’aménagement du court central. Il sera agrandi pour avoir une capacité de 3.500 places. Les vestiaires le seront également ainsi que plusieurs infrastructures du club afin de pouvoir accueillir le tournoi dans des conditions optimales.
A votre avis, qu’est-ce qui reste à développer pour que Marrakech devienne une destination MICE à part entière ?
Bien que Marrakech soit le leader national incontesté dans le segment MICE, il reste encore beaucoup à faire pour développer davantage l’offre appropriée.
D’abord, en revisitant les techniques de marketing utilisées qui, par endroits, sont obsolètes. Il faut se mettre à la même page que celle de la concurrence, en adoptant les nouvelles technologies dans la vente des congrès.
Il faudrait également penser à travailler la connectivité à haut débit, car un congressiste qui trouve du mal à se connecter au réseau est un client perdu. Marrakech se doit d’être bien connectée, puisque c’est la seule destination marocaine qui reçoit de grands congrès sur l’année. A l’image des « smart citys » telles que Singapour ou Séoul.
Encore que Marrakech doit se doter d’un outil de vente MICE performant, rassemblant autour du même tour de table les élus, le Moroccan Convention Bureau et l’ONMT.
Au même titre que Marrakech devrait accélérer la mise en place de son Parc des Expositions, prévu d’accueillir initialement 5000 places. Ce qui est minime, comparativement à l’image internationale de la destination, archi-connue, et qui devrait exploiter ce positionnement privilégié pour développer le MICE à fond, quand on sait que les deux tiers des demandes en congrès demandent entre 10.000 à 30.000 places. Si on y arrive, on peut facilement recevoir les volumes demandés par Apple, l’ISESCO ou Volkswagen, par exemple. Ce type d’événements s’accompagne, généralement, d’espaces d’expositions et de conventions nécessitant des structures d’accompagnement.
Source: http://tourismeetgastronomie.ma
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