La CNT chez le ministre de l’Intérieur : A-t-on tout déballé ?
La rencontre, d’après les menues informations filtrées, ressemble plutôt à une initiation du ministre de l’Intérieur aux problématiques collatérales longtemps soulevées par les professionnels. A la bonne heure, l’insistance du collectif professionnel finira par payer, tôt ou tard. Le fait d’interpeller le ministre de l’Intérieur traduit visiblement le malaise des professionnels à l’égard des procédures que la fragilité du secteur rend insupportables. Or, c’est cette même fragilité qui devrait, pense t-on, porter l’administration à adopter des réglementations plus adaptées.
Toutefois, le formidable travail fourni par l’Intérieur dans le démantèlement, avant l’heure, de réseaux terroristes est du baume sur le cœur des professionnels qui vendent la stabilité et la sécurité dans leurs packages. La communication de l’Intérieur à ce sujet est quasi-régulière et témoigne de la veille permanente des services de sécurité. Atout majeur aux mains des promoteurs touristiques pour contrecarrer tout amalgame et propagande à la solde.
Formalités lourdes
Mais là où les professionnels avaient grincé des dents, est c’est quand le ministère de l’Intérieur avait généralisé une circulaire obligeant les touristes d’être munis de leurs passeports aux postes-frontières et non pas seulement la carte d’identité nationale comme il était d’usage. Peut-être que le souci sécuritaire avait fini par l’emporter sur toute autre considération. Soulever la problématique semble donc délicat. On se souvient du tollé soulevé par les professionnels d’Agadir qui ont vu leurs clients bloqués à l’aéroport Massira, faute de passeport. Procédure inattendue ne faisant évidemment pas l’affaire des hôteliers locaux. Intransigeant, le ministère de l’Intérieur s’était cramponné à ses positions. Le marché français, premier fournisseur européen en touristes, en avait ressenti l’onde de choc. En effet, les ressortissants français devaient désormais être absolument en possession d’un passeport.
Le Maroc avait durci, par là, les conditions d’entrée, notamment pour renforcer la sécurité dans le royaume. Pour les touristes, cela signifie tout bonnement la possession obligatoire d’un passeport s’ils souhaitent séjourner dans le pays. La procédure va également pour les ressortissants français qui ont réservé auprès d’un voyagiste ou ont choisi un voyage organisé. Or, jusqu’ici, une carte d’identité pouvait suffire pour se rendre à Marrakech, Fez et les autres lieux touristiques du pays.
Retour de manivelle, les autorités reviennent sur leur décision, en permettant, comme auparavant, aux touristes européens de se rendre au Maroc avec une simple carte d’identité sans utiliser le passeport. Mais à des conditions, bien sûr. Les touristes doivent, en effet, obligatoirement être encadrés par un tour-opérateur, lequel doit déposer une liste nominative des personnes concernées 72 heures avant leur arrivée au Maroc. Après vérification, les touristes pourront rentrer au Maroc avec une simple carte d’identité. Du coup, la CNT avait gagné la première manche.
Réceptif
Saisissant l’occasion devant le ministre de l’Intérieur, les membres de la CNT avaient également appelé à l’amélioration des conditions d’accueil des touristes aux aéroports et la simplification des procédures d’évacuation des halles pour éviter les attentes interminables. Vœux légitimes eu égard au temps relativement long que les touristes ont à dépenser pour s’acquitter des formalités.
Même son de cloche concernant la sécurité des croisiéristes, une fois leur bateau à quai pour une visite guidée de la ville de Casablanca, par exemple.
Autre phénomène de grande ampleur discuté ave le ministre de l’Intérieur et qui semble en bonne voie de traitement : le bras-de-fer opposant les grands taxis aux entreprises structurées de transport touristique. Souvent, les deux parties en viennent à des conflits ouverts risquant à tout instant de dégénérer. Des scènes cahoteuses sont d’ailleurs monnaie courante devant de grandes unités de la place, où les grands taxis s’arrachent littéralement le client à sa sortie de l’hôtel, bien que son transport soit déjà programmé et défini. Une intervention plus ferme des forces de l’ordre est vivement sollicitée par les hôteliers qui commencent à perdre patience.
Environnement urbain
Même rengaine pour la signalétique et l’environnement urbain menant aux unités hôtelières ainsi que les conditions d’accès aux monuments et attractions touristiques diverses. Il est désolant, à cet égard, de constater que certains sites touristiques sont difficilement reliés, faute de panneaux signalétiques dont la mise à disposition est ardue et requiert une longue haleine. Sur ce point, on ne peut que se réjouir de l’effort accompli, il y a quelque temps, par l’ADER (Fez), qui avait mis en place une série de panneaux de signalétique touristique directionnelle, informative et d’interprétation dans les différents lieux situés tout au long des circuits touristiques. Ainsi, on dénombre quelques plusieurs panneaux posés en médina, dont une bonne partie sont d’orientation, d’autres d’interprétation du patrimoine et d’information. Mieux, la plupart de ces panneaux sont dotés de prouesses technologiques inédites, car ils sont immatriculés par un code numérique décryptable par Smartphone. A Marrakech, pourtant capitale touristique du pays, on n’en trouve pas, pour ne pas dire que souvent on se perd dans les dédales de la médina si on n’a pas la présence d’esprit de demander son chemin. Pire, sur la route de Fez, aux abords de laquelle sont nichées des unités de luxe, impossible de tomber sur l’endroit recherché. Parfois, on est obligé de longer la fameuse route en allers-retours incessants avant qu’un quidam vous renseigne vaguement.
Question d’aménagement urbain, plus particulièrement les aspects propreté des sites menant aux entreprises et aux circuits touristiques, il y a encore beaucoup de chemin à parcourir. Grave encore le phénomène de la mendicité qui s’installe dangereusement près des grands hôtels et restaurants des centres urbains. Pour la bonne raison que la mendicité nuit au travail de milliers de personnes vivant du tourisme. En effet, la plupart des mendiants jettent leur dévolu sur les grands hôtels, les restaurants, les banques et les portes des centres commerciaux.N’en parlons pas des vendeurs ambulants, à la sauvette et autres qui, dès la sortie du client d’un hôtel ou sa descente d’un minibus ou d’un autocar, l’assaillent de toutes parts pour lui proposer des produits manufacturiers chinois.
Souvent, les destinations touristiques sont prises au dépourvu, quand le trajet des circuits touristiques programmés est jalonné d’ordures qui s’amoncellent délibérément au vu et au su de tous, tel dans le circuit touristique de Fez dont les calculs politiques ont fini par archiver la médina comme impropre et dangereuse. De quoi provoquer la syncope chez les professionnels locaux.
Ce sont là des problématiques endémiques nationales qui ne nuisent pas seulement au secteur touristique mais au tissu économique dans son ensemble.
Dur pour la CNT, à elle seule, de faire entendre sa voix. Il s’agit d’une question qui interpelle toutes les composantes de la société civile.
Source: http://tourismeetgastronomie.ma
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