Les chantiers 2020 de la Confédération du tourisme
Malgré des faiblesses structurelles, le Maroc tient ses positions sur le marché mondial du tourisme. Le tableau de bord 2019 est historique: 12,9 millions de touristes (+5,2%), près de 80 milliards de DH de recettes en devises et 25 millions de nuitées dans l’hôtellerie classée.
Les nuitées marquent une progression de 5% malgré une hausse des capacités. Voilà qui contredit la thèse des hôteliers qui prônaient une pause de l’investissement à Marrakech au motif que de nouvelles capacités fragiliseraient les hôtels existants.
La durée de séjour moyenne oscille entre 1 et 5 nuits selon les régions. Agadir ayant la durée plus élevée avec 5 nuitées, suivie de Marrakech (3 nuitées). Puis 2 nuitées pour Fès, Tanger et Rabat. La seule destination en souffrance est Ouarzazate et le Sud.
Le poids économique du tourisme est incontestable: 750.000 emplois directs et plus de 2,5 millions indirects, 7% du PIB, 80 milliards de DH de recettes (en devises) et 29% des exportations de services. C’est une activité dont la transversalité est telle, qu’elle participe à l’essor de plusieurs autres secteurs comme le bâtiment, l’agriculture, l’agro-industrie, les services, etc.
A ce titre, le tourisme devrait être placé au rang qu’il mérite, celui d’un secteur prioritaire, revendique Abdellatif Kabbaj, président de la Confédération nationale du tourisme (CNT) lors de la présentation de la feuille de route de la CNT. S’il assure que les opérateurs travaillent aujourd’hui en parfaite symbiose avec leur ministère de tutelle, le président de la CNT regrette que le secteur ne soit pas toujours écouté par le ministère des Finances.
■ Virage digital: C’est l’un des plus grands défis. Le business modèle du voyage a radicalement changé (voir aussi encadré). Sur toute la chaîne du produit, les nouvelles technologies ont bouleversé la recherche d’information, la comparaison, l’évaluation de l’expérience, la recommandation… La Confédération du tourisme a créé une académie dont la mission sera d’assurer des formations en ligne aux adhérents à travers des classes en ligne (webinaires) des masterclass et des workshops.
■ Capital humain et formation: Mise à jour de la cartographie de l’emploi dans le tourisme, réforme des mécanismes de soutien aux entreprises dont les CSF et surtout, signature d’une convention collective sectorielle. Ce sont les grands axes de ce chantier.
La convention collective n’est pas une pratique courante au Maroc. A ce jour, il existe 14 accords de ce type. L’hôtellerie, étant le plus gros employeur dans le tourisme, sera naturellement la plus touchée. «Notre idée est de sécuriser les conditions de la stabilité de l’emploi et la paix sociale afin de donner le maximum de visibilité aux opérateurs», assure Wissal El Gharbaoui, secrétaire générale de la Confédération du tourisme. Il s’agit aussi de se prémunir à l’avenir contre des grèves sauvages qui peuvent paralyser des unités hôtelières, voire mettre à genoux une destination comme Ouarzazate en a été victime pendant quatre ans. Il paraît que certains syndicalistes se seraient spécialisés dans les grèves sauvages à Marrakech.
■ Fiscalité: «On est passé à côté de la loi de finances de cette année», concède le président de la CNT qui dit préparer déjà celle de 2021. La profession a travaillé avec la CGEM, ses experts pour proposer des ajustements en matière de fiscalité, à la hauteur des ambitions du secteur du tourisme, et surtout en cohérence avec le rôle économique et social qu’il doit jouer dans notre pays. «Mais, manifestement, ce n’est pas la priorité du ministère des Finances», déplore Abdellatif Kabbaj.
■ Réglementation: Ce chantier est ouvert déjà depuis quelques années avec le ministère de tutelle, pour offrir un cadre adapté à l’évolution du secteur, que ce soit dans l’hébergement, dans la distribution ou dans les transports.
■ Tourisme interne: Le marché intérieur représente 30% des nuitées dans les établissements classés. L’objectif des opérateurs est de porter cette part à 40% «à l’instar des grandes destinations mondiales». Ils reconnaissent l’existence d’un gap entre le touriste marocain et le produit marocain et, au passage, ils admirent la manière dont l’Espagne aimante des dizaines de milliers de touristes marocains haute contribution. «Peut-être parce qu’on est cher», concède un professionnel. Le tourisme interne aura sa propre marque et son propre contenu éditorial, sa plateforme digitale, etc.
■ Réorganisation de l’Observatoire du tourisme: Il s’agit de rendre cet outil plus autonome, plus performant, producteur d’indicateurs qualitatifs et pertinents à même d’accompagner les acteurs dans cette vision d’amélioration de la compétitivité et de développement.
■ Gouvernance: Un véritable enjeu pour une gestion efficace et un suivi efficient du développement du secteur touristique marocain, dont la transversalité pose souvent de véritables défis aussi bien aux opérateurs privés qu’aux acteurs publics. Un bureau d’études a été chargé de faire des propositions d’alléger l’usine à gaz qui caractérise l’organisation du secteur.
Source: https://www.leconomiste.com LIEN