MDT 22 : Ils ont dit…
En fait, la 22ème édition des Mardis du Tourisme (MDT) aura vu l’intervention de 4 acteurs majeurs dans l’associatif professionnel au lieu de 3, sous la modération de charme de la talentueuse Bouchra Taibi.
En effet, en plus d’Abdellatif Kabbaj (CNT), Lahcen Zelmat (FNIH), Jalil Benabbès-Taarji (ANIT), on notera également les interventions tout aussi judicieuses d’Othman Cherif Alami, Président de la FNTT qui mit le point sur la situation actuelle des transporteurs touristiques et du tourisme en général, amenée à se corser si le statu quo perdure toujours.
Tous les 4 ont mis le doigt là où il le fallait et sans langue de bois. Nous en ressortons ici l’essentiel de leurs déclarations:
Othman Cherif Alami

« La résilience du tourisme marocain a été marquée par 3 étapes majeures desquelles il s’est bien relevé: La guerre du Golf il y a 30 ans déjà, la crise des Subprimes de New York il y a 20 ans et le Printemps Arabe il y a 10 ans. Mais l’enjeu actuel est beaucoup plus important depuis 3 trimestres déjà où le tourisme est quasiment à l’arrêt au niveau des hôtels, des agences de voyages, du transport touristique, des compagnies aériennes, des restaurants touristiques, des guides accompagnateurs, des secteurs de l’animation et de l’événementiel, etc. Les incidences s’en ressentent sur la trésorerie des entreprises du tourisme, des emplois et l’image même du produit Maroc ».
« Il faut revoir tout le processus de formation continue et du E-formation pour nous adapter aux nouvelles mutations du tourisme mondial changeant ».
« Le Contrat-Programme signé en août 2020 engage les responsabilités solidaires et collectives dans la gouvernance du secteur touristique, tant au niveau de nos fédérations métiers que du ministère du Tourisme, de l’ONMT, de la SMIT, des CRTs, des associations professionnels régionales, etc. Cela passe par la prise des bonnes décisions pour que tout marche pour le mieux. Une nouvelle gouvernance qui tienne compte d’un management optimal de l’image et de la marque Maroc. La gouvernance et la gestion du secteur doit s’inscrire désormais dans l’innovation en termes d’accueil, du séjour, de la qualité et de la logistique grâce au digital».
« Le transport touristique au Maroc est très faiblement capitalisé parce qu’il est constitué à 90% de PME et TPE ayant recours, pour les uns, aux crédits leasing pour l’achat des véhicules et, pour beaucoup d’autres, aux crédits à la consommation pour des taux d’intérêt atteignant souvent 30% ».
« Début 2021 sera une nouvelle page dans le tourisme au Maroc en effaçant les erreurs du passé pour être meilleurs et performants. Le moins pire sera le mieux à venir… ».
« Il ne faut pas tirer sur la charrette Tourisme mais la sauver ! ».
Abdellatif Kabbaj

« La signature du Contrat-Programme aura été un dur labeur ayant pris les 2 mois de mars et avril 2020 avec plusieurs réunions nous ayant permis de répondre à la plupart des doléances professionnelles, axées principalement sur la sauvegarde des entreprises et des emplois. La réponse de l’Etat pour ce qui est des emplois a plutôt été favorable tandis que celle relative aux entreprises se fait toujours attendre, si ce n’est un taux d’intérêt relativement bas (3,5%) pour les crédits bancaires exceptionnels accordés. On ne peut pas parler ici d’aide proprement dit mais d’aide au financement ».
« Les chances de succès à moyen et long termes du Contrat-Programme, lors de sa signature, dépendaient de la reprise que nous espérions prochaine et non si lointaine, compromettant même le premier semestre de l’année 2021. Alors que des signaux plus optimistes tablent par contre sur fin juin 2021. Au vu de cet état des choses, nous allons demander officiellement au ministère du Tourisme de revoir le Contrat-Programme pour le proroger jusqu’à fin juin de l’année prochaine. Sans quoi, il faut s’attendre à la faille en cascade de beaucoup d’entreprises et la perte de milliers d’emplois. Je tiens à préciser que ledit contrat-programme comportait, toutefois, une clause importante qui stipulait que nous devions tenir compte d’une dizaine de conventions dont seules 2 ont été véritablement signées : la CNSS et le GPBM, en attendant celles à parapher concernant le report du paiement des cotisations sociales, l’intégration de toutes les corporations professionnelles au régime social, la fiscalité auprès de la DGI et DGSL, la refonte du dispositif fiscal, l’ONMT, la convention avec le Fonds d’Investissement Touristique…».
« Il faut débloquer la mobilité inter-villes qui nous permettra de faire du business avec la clientèle nationale si nous voulons minimiser les effets catastrophiques de la crise ».
« Nous nous sommes réunis, il y a un mois et demi de cela, avec Mme la ministre du Tourisme et le PDG de la RAM pour envisager une ouverture partielle du ciel. Réunion au bout de laquelle on nous a assuré que 3 à 9 vols allaient être mis en place par route sur Marrakech au départ de Madrid, Londres, Milan, Paris et Bruxelles. Or, jusqu’à ce jour rien n’a été encore fait ».
Lahcen Zelmat

« Le secteur hôtelier n’a pas du tout bénéficié d’assistance de la part de l’Etat, excepté le versement des 2.000,00 DH mensuels aux employés affiliés à la CNSS mais pas tous. De même que les crédits Oxygène et Relance n’ont bénéficié qu’aux établissements bancables à l’heure où des organismes bancaires ont joué le jeu et d’autres pas du tout. Ce qui veut dire que la convention signée avec le GPBM dans le cadre du contrat-programme n’a pas été respectée par toutes les banques ».
« Sans recettes, la trésorerie des hôtels souffre beaucoup tout en assumant les charges fixes, le payement d’une dizaine d’impôts fixes quelle que soit la marge bénéficiaire de l’entreprise hôtelière et ce, malgré un arrêt qui dure depuis 8 mois avec l’ouverture de30% seulement d’hôtels avec une moyenne de 5% du taux d’occupation ».
Jalil Benabbès-Taarji

« Nous avons œuvré ces derniers mois à la construction d’une plateforme visant la sauvegarde interdépendante des entreprises et des emplois pour toutes les filières du tourisme. Elle se décline en 3 grands pavés majeurs :
- soutien à la trésorerie de l’entreprise touristique (prorogation de Damane Relance au 1er semestre 2021, accélération du remboursement par l’Etat du crédit TVA dont doivent bénéficier les entreprises qui y ont droit et le payement par les entreprises publiques des factures en souffrance),
- préservation des fonds propres (prorogation du régime CNSS Covid-19 au 30 juin 2021, report de la partie Capital des échéances sur les crédits investissements, prise en charge par l’Etat des intérêts sur les crédits d’investissement à long terme pour 2020-2021…),
- et des mesures réglementaires et légale (Mise en place de dispositions transitoires souples du droit de faillite…).
Source: http://premiumtravelnews.com/ LIEN