Tourisme: Comment la CNT compte redynamiser le secteur

Le ministre du Tourisme, Mohamed Sajid, et le président de la Confédération du tourisme, Abdellatif Kabbaj, ont du pain sur la planche. Ils doivent mettre en place une vision commune pour sécuriser la compétitivité du secteur et l’attractivité de la destination Maroc (Ph. L’Economiste)
Après le rapport très critique du Comité des experts (publié en avant-première par L’Economiste début septembre dernier) sur le bilan de 15 ans (2000-2015) du secteur du tourisme, la Confédération nationale du tourisme revient à la charge pour redynamiser les chantiers.
En effet, le nouveau bureau de la CNT, présidé par Abdellatif Kabbaj, vient de tenir une séance de travail le 11 octobre avec la tutelle, le binôme Sajid-Boutaleb, au siège du ministère du Tourisme, du Transport aérien, de l’Artisanat et de l’Economie sociale.
Plusieurs thématiques ont été débattues pour redynamiser le secteur du tourisme dans un contexte mondial marqué par plusieurs mutations, notamment le retour en force de destinations concurrentes telles que la Tunisie, l’Egypte, la Turquie…
Converger les efforts pour une vision commune
Bien qu’elles aient connu des situations de crise, les destinations touristiques comme la Turquie, la Tunisie et l’Egypte sont en train de reprendre des couleurs avec des croissances respectives de 56%, 83% et 106% pour les voyages à forfait. Dans ce même contexte, les canaux d’achats se sont fortement développés et diversifiés, essentiellement sur le marché européen, principal continent émetteur du Maroc.
Du coup, les touristes passent de moins en moins par les TO et les agences de voyages classiques pour composer leur voyage. Autrement dit, la tendance est à l’achat direct et personnalisé en ligne.
Compte tenu de ces évolutions majeures, il s’impose de muscler l’offre et revoir le positionnement de la destination Maroc. C’est dans cette logique que Mohamed Sajid, ministre de tutelle, a reçu les représentants des opérateurs, les directeurs de l’Office national du tourisme (ONMT), de la Société marocaine d’ingénierie touristique (SMIT) ou encore les directeurs centraux du ministère… Au terme de cette rencontre de travail, la première de la rentrée, il a été décidé «de faire converger les efforts et travailler ensemble avec une vision commune».
A cet effet, des commissions mixtes vont être constituées pour formaliser des propositions communes qui vont dans le sens de la redynamisation des différents chantiers. Bien évidemment, cette mobilisation générale de l’ensemble des parties prenantes du tourisme mettra tout à plat avant de mettre en place un plan d’action.
Dans ce même sens, la CNT s’attelle à faire un diagnostic réel et proposer des actions à mettre en place le plus rapidement possible. L’enjeu étant d’assurer la compétitivité du secteur, voire enclencher une mise à niveau de la qualité des prestations pour mieux répondre aux attentes des marchés émetteurs.
Aujourd’hui, tout le défi consiste à accélérer la cadence des chantiers en cours et ceux à venir. Selon le rapport de la Cour des comptes, sur 944 projets touristiques dotés d’un montant global de plus de 151 milliards de DH, à peine 37 ont été réalisés pour un montant de près de 1,4 milliard de DH. Soit un taux de réalisation de 1%! Pareil pour les stations balnéaires, sur les 128.500 lits prévus dans 5 stations (Saïdia, Lixus, Mazagan, Mogador et Taghazout), à peine quelques milliers sont réalisés.
A ce jour, les réalisations des différentes stations sont encore très éloignées de l’esprit de «station intégrée» de dernière génération. Autre bémol, relevé par la Cour des comptes, la Vision 2020 a été élaborée sans capitaliser sur les acquis et les enseignements tirés de la stratégie précédente (Vision 2010). Même sur le déploiement de la «Vision 2020», des instances de gouvernance ont été prévues, aussi bien au niveau national (Conseil national de tourisme) qu’au niveau local avec les ADT (8 Agences du développement touristique).
Sauf que toutes ces instances n’ont pas encore vu le jour. Pourquoi tant de retard dans l’exécution et le pilotage des projets et chantiers? Pourquoi un si faible taux de réalisation? Mais où est passé le contrôle? Autant de questions auxquelles devront répondre opérateurs et tutelle à travers une vision commune, qui sera plus dans une logique de projection afin de mieux anticiper l’avenir.
Source: https://www.leconomiste.com LIEN