Tourisme: Le secteur a frôlé le crash!
Abdellatif Kabbaj, le président de la Confédération nationale du tourisme (CNT), est intransigeant sur la situation globale du secteur touristique, notamment sur l’attractivité de la destination. Hier, lors d’une rencontre avec les médias co-organisée par l’Office national marocain du tourisme (ONMT) -comme pour afficher une certaine solidarité et synergie- le responsable était bien dans son rôle. Mais les chiffres tendent à lui donner raison. Le tourisme avance, clopin-clopant, vers une année positive (+1,5% contre -1% en 2015), mais qui fera difficilement mieux que le cap des 10 millions de touristes que le Royaume peine à franchir depuis 2010. Pour Abderrafie Zouiten, le directeur général de l’ONMT, c’est déjà un succès en soi. «Nous avons fait plus que de la résilience en 2016, dans une conjoncture et des circonstances extrêmement difficiles», lance-t-il. Les facteurs qui ont mené à cette situation sont connus et sans cesse répétés. Ils sont d’abord d’ordre conjoncturel: l’effet Daesh, la crise économique, etc. Et d’autres paramètres qui ont tendance à devenir plutôt structurels: un PJD anti-tourisme qui rempile pour les 5 prochaines années, des connexions aériennes toujours insuffisantes, des taux d’occupation loin du compte et des marchés phares au ralenti… Sur ce dernier aspect, justement, les chiffres parlent d’eux-mêmes. On aura beau parler de croissance cette année, les principaux marchés émetteurs, qui drivent cet indicateur, pataugent dans le rouge: -2% pour la France, -3% sur l’Allemagne et -8% pour le Royaume-Uni (à fin octobre). Cela, avec peu de chances que ces chiffres se redressent d’ici la fin d’année, à moins que l’effet COP22 ne fasse office de compensateur exceptionnel. S’y ajouteraient aussi les toutes premières

Marrakech et Agadir font les deux tiers de l’activité. Outre les marchés émetteurs, la nécessité de la diversification concerne aussi le produit
retombées des efforts de diversification des marchés des touristes internationaux. La Chine et la Russie sont particulièrement ciblées. «Les arrivées ont été multipliées par 5 sur le segment chinois et les arrivées des Russes ont progressé de 300% sur Agadir», se défend Zouiten. Encore faut-il capitaliser longtemps sur ces acquis pour que ces marchés permettent de compenser le recul affiché sur ceux plus traditionnels et classiques. D’abord, la destination n’est pas encore prête, aussi bien en termes de produits adaptés, de ressources humaines et compétences, que de connectivités aériennes. «Nous attendons depuis plusieurs mois que la promesse d’une ligne directe se concrétise», revendique Hayat Jabrane, secrétaire générale de la CNT et spécialiste du marché chinois. «La perception de la destination est bonne, mais il faudra plus de capacités aériennes pour la transformer», reconnaît pour sa part le patron de l’ONMT. La transition est faite: l’aérien reste la lacune qui freine les performances de la destination. Ce sera justement parmi les trois grandes orientations stratégiques de l’Office en 2017. La première opération porte sur l’appel à concurrence lancé pour le développement de nouvelles bases aériennes à Agadir, Marrakech, Tanger et Fès. Les résultats seraient attendus pour la semaine prochaine. Les premières bases seront opérationnelles dès avril 2017. Le digital et la régionalisation de la communication sont les deux autres axes de travail de l’équipe Zouiten. L’Office vient de se doter d’une organisation digitale dédiée, un nouveau portail web et s’active sur les réseaux sociaux. Enfin, l’organisation d’un salon international du tourisme et la délocalisation d’émissions devraient être les nouveautés du programme de promotion de l’Office en 2017. «Nous sommes confiants, mais à condition que l’aérien jour son rôle et que le budget de promotion soit revu à la hausse», martèle Kabbaj. Pour ce professionnel, le ratio de 1%/Recettes retenu au Maroc est loin des 2 à 3% appliqués dans les marchés où le tourisme performe. Le secteur n’est décidément pas encore sorti de l’auberge. Sans mauvais jeu de mots…
Source: http://www.leconomiste.com
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