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Entre Cimes et Traditions : 4 Jours d'Aventure sur les Sentiers du Toubkal
Nous sommes dans le royaume d’Adrar n’Dern, la montagne des montagnes. Là où le mont Toubkal règne majestueusement sur les cieux de l’Afrique du nord, à 4.167 mètres d’altitude. Le dôme du Haut Atlas abrite le Parc national du Toubkal. Créé en 1942, il est le premier du genre dans l’histoire environnementale du Maroc.
Toute la vallée du Haouz s’offre au regard des «pèlerins» depuis les hauteurs de l’Atlas. Les randonneurs ont le choix entre une multitude de circuits. Notre guide, Saïd Abeldi, va nous accompagner pendant 4 jours dans ce périple. Il faut compter en moyenne 6 heures de marche par jour avec la pause déjeuner.
1er Jour: Asni - Imioughlad – Col de Tacht – Tizi Oussem
Une empreinte française à Asni 70 km de Marrakech jusqu’à Asni. Soit moins d’une heure de trajet. La route provinciale n°207 mène vers cette agglomération marquée par la présence française durant le protectorat (1912-1956). Des bouleaux longilignes s’alignent à l’entrée du village. Une colonie de cigognes et surtout de hérons garde-bœufs nichent dans les hauteurs de ces arbres. La commune d’Asni compte environ 21.500 habitants, selon le recensement de la population en 2014. Sa population vit essentiellement d’agriculture et de tourisme. Les gorges de Moulay Brahim font parties des sites touristiques prisés. Asni est en contrebas du Haut Atlas, à 1.150 mètres d’altitude. Plusieurs maisons forestières quadrillent son territoire.Les voyageurs s’arrêtent dans cette bourgade de la région Marrakech-Safi pour faire leurs emplettes ou pour se restaurer. Commerces et gargotes garnissent l’allée centrale d’Asni. |
Notre périple nous mène à Imi Oughlad. Ce village est peuplé de pommiers, de poiriers et de noyers. Oued Aït Mizzan serpente la vallée et nourrit les hommes et les vergers.
Le Haut Atlas diffuse une sérénité millénaire venue du fin fonds des temps géologiques. Ici, les gens sont humbles et souriants. Nous entrons de plain-pied dans le quotidien des fellahs. Certains sont affairés à cultiver leurs petites parcelles de terre, d’autres cueillent des pommes et des poires. Les récoltes seront acheminées vers la capitale de la région, Marrakech.
À part l’agriculture, la population vit aussi grâce au tourisme: guides, restauration, transport…
Le chemin est sinueux. Un silence apaisant enveloppe les lieux. Il faut rester en alerte, aux rafales de vent intempestives et traîtresses. Un randonneur distrait risque d’être balloté dans un ravin. Tizi Oussem pointe son nez à 2.000 mètres d’altitude environ. Nos têtes sont dans les nuages. Ce col est la dernière étape de cette journée. Le vertige des hauteurs ne nous désoriente pas de l’essentiel. Les paysages sont comme des toiles d’impressionnistes. Le rouge ocre qui domine ses contrées de l’Atlas est lardé d’un vert végétal aux milles nuances.
Le parc naturel du Toubkal et ses 38.000 ha sont un observatoire à ciel ouvert pour les amateurs d’ornithologie et de faune sauvage. Un aigle royal plane au-dessus de nos têtes. Il est le maître des hauteurs, une icône des montagnes de l’Atlas.
2e jour: Tizi Oussem- L’aâzib Tamsoult, Cascades d’Ighoulidene
Un Moussem du Haut Atlas Laâzib Ouka Moussem regroupe les tribus des vallées environnantes, comme celles d’Ourika, de Tacchedirt et d’Imlil. C’est une terre réservée au pâturage et à la villégiature durant l’été. Hommes et bétails sont attirés par la fraîcheur de son climat et l’abondance d’herbe et d’eau. Les habitants s’y réunissent le 10 août de chaque année lors de ce festival populaire. Contrairement aux Moussems des plaines, il n’y a pas de spectacle de fantasia. Ce type d’événement marque généralement la fin de la saison agricole. «Le Moussem de Laâzib Ouka réunis entre 1.500 et 2.000 personnes par an. On y sacrifie une bête pour marquer notamment l’ouverture de Laâzib aux ‘’estivants’’ locaux», témoigne notre guide, Saïd Abeldi. Commerçants, troupes de musique et associations de développement local animent ce rendez-vous annuel: négoce, musique, produits de terroir comme l’huile de noix, le vinaigre, le miel, la tapisserie et ustensiles en bois de noyer. |
Nous traversons Laâzib de Tamsoult perché dans les hauteurs de l’Atlas.
Ce lieu, à l’écart des douars, fait partie du patrimoine local. Les bergers ne peuvent pas y accéder pendant une période de l’année.
Les tribus préfèrent garder Laâzib de Tamsoult intact jusqu’à l’arrivée de l’été. En effet, ils y viennent entre juin et août pour camper et faire paître leurs bétails.
Laâzib est à la fois un lieu de villégiature et d’agriculture. Il est refermé dès octobre après que ses exploitants y plantent orge et navets. La région compte plusieurs lieux de ce type: Likent, Tikent et Oukaimden.
Cap vers les Cascades de Ighoulidene et leurs 120 mètres de hauteur.
Il est possible de s’y baigner même si leur bassin fait moins d’un mètre de profondeur, selon notre guide. Ces cascades sont les seules qui existent au Parc national du Toubkal. Elles sont aussi les plus grandes de la région comparativement à celles d’Imlil et de Tajdirt. À 2.500 m d’altitude, le climat est frais même en été.
Nous retournons sur nos pas pour aller à Tizi Mezzik. Comptez deux heures de marche à peu près avant de faire une pause à plus de 900 mètres d’altitude. Nos regards sont happés par les vastes vallées d’Ait Mizan, d’Imlil et d’Azadent. Nous avons mis 45 minutes pour redescendre du col de Mezzik. Le programme prévoit un déjeuner sous les noyers.
Direction ensuite le centre d’Imlil et son souk pittoresque. Cette commune rurale compte aussi des associations de développement local comme Ahowad Imlil. Traduisez Bassins d’Imlil.
3e jour: Tamatert – Tizi n’Tamatert – Tacheddirt
- Nous passons notre seconde nuit à Tamatert où se trouvent des gîtes et des hôtels. Il faut compter entre 50 à 200 Dirhams/personne. Avec une douche chaude à la clé et un dîner copieux: Hrira (soupe), tajine de viande aux légumes ou aux pruneaux, couscous aux 7 légumes…
Il est conseillé à Tamatert de faire un tour dans les «Feddanes» (vergers). Les agriculteurs disposent d’un système ancestral d’irrigation et de répartition d’eau.
- Départ de bon matin pour Tizi n’Tamatert à 2.900 m d’altitude. «Tizi» veut dire col en Tamazight. Rencontre inattendue en cours de route: un renard argenté nous scrute au loin. Il est recommandé d’avoir des jumelles pour observer la faune et la flore. Le Parc national du Toubkal se distingue par la plus ancienne réserve de mouflons à manchettes du Maroc.
- Le village où se trouve notre gîte s’appelle Tachedirt. Il compte environ 450 maisons. Les anciennes bâtisses sont construites en terre dure et en pierre dites «Azrou». Leur mélange permet de fabriquer le «Tabout» pour cimenter les murs. Tacheddirt à ses curiosités. D’anciens moulins fonctionnent à l’énergie renouvelable. L’eau acheminée depuis Oued Tacheddirt permet de moudre maïs et orge.
4e jour : Tachdirt, vallée Imnane, Agerssioual
Cette région se distingue par quatre bioclimats: le semi-aride, subhumide, humide et le très froid de hautes montagnes. Nous avons passé la nuit au chaud à Tacheddirt. Oued Imnane nous accompagne dans notre descente vers Agerssioual. Ce village est situé aux environs d’Imlil. Pommiers et cerisiers poussent dans ces hauteurs.
Nous quittons le village pour aller à douar Tilguiste puis à celui d’Ikiss avant d’arriver à oued Imnane. Direction Tizi Aguerssioual à 1.900 mètres d’altitude. De là-haut, une superbe vue sur les vallées d’Imlil et d’Imnane.
Durée : 4 jours
Niveau : 3/5
Point forts :
Le sommet du Adrar n’Dern, en boucle.
La découverte des montagnes de l’Atlas central, très sauvages.
Les rencontres avec le monde berbère, villages, bergers d’altitude avec leurs troupeaux.
Une nuit en très bon gîte à Tamatert.