Thé épicé ou la saveur phare du Sahara
Le thé est un véritable rituel et une culture ancestrale que tous les Marocains partagent de Tanger à Lagouira. Sauf que, le goût du thé que les Sahraouis préparent dans les provinces du Sud reste totalement différent, au point de pouvoir le distinguer dès la première gorgée.
Le thé dans la région Laâyoune-Sakia El Hamra comme dans d’autres régions du Sud est plus qu’une simple boisson. C’est un art de vivre et une tradition ancrée dans l’Histoire Sahraoui que la population a pu conserver et transmettre de génération en génération.
Il faut savoir que la tradition de ce breuvage légendaire ne date pas d’hier. Selon les historiens, elle trouve ses racines au 18ème siècle lorsque le thé était l’un des cadeaux d’usage que les diplomates européens offraient aux sultans et aux grands notables. Ce n’est qu’au 19ème siècle que le thé a gagné en popularité parmi les classes populaires dans tout le Royaume, notamment au Sahara. Cette boisson a, ainsi, atteint l’Oued Noun, à partir du port d’Essaouira où les caravanes venaient du Sud échanger les plumes d’autruche, l’or, l’ivoire contre du tissu, des armes, du sucre et du fameux thé.
Aujourd’hui, cette boisson aromatique est un élément incontournable de la table Sahraouie. Que ce soit dans les soirées de familles, d’amis ou de voisins, à la maison, à Lkhayma (tente) ou en plein désert, la population ne manque pas l’occasion de se retrouver dans une ambiance conviviale autour du thé. Ainsi, le thé symbolise l'unité de la famille et la cohésion de la société et constitue une marque de convivialité et d’hospitalité que les Sahraouies expriment pour chaque visiteur, quel soit marocain ou étranger.
Au Sahara, tous les temps sont bien pour savourer un verre de thé, à condition d’avoir un groupe de personnes, communément appelé « j’maâ » et un préparateur qui se donne le privilège et l’honneur d’animer une cérémonie de thé bien épicée en traditions et en émotions.
La cérémonie du thé est un véritable spectacle vivant, vu que le thé se prépare devant les assistants. Le préparateur appelé (Kayam) commence d’abord par réchauffer peu d’eau pendant une dizaine de minutes sur le brasero avant de retirer la théière, y mettre deux poignées de thé avant de le retourner au feu.
Une petite minute après que la théière soit vidée de son eau et le thé stérilisé, le Kayam remplit la théière d’eau puis la remet une dernière fois sur le feu pendant cinq ou dix minutes. Ainsi, le thé n’a besoin que d’y ajouter du sucre pour qu’il soit presque prêt.
Les assistants auront rendez-vous à ce moment avec un autre spectacle magique au goût pur du thé. Le Kayam verse et reverse thé une vingtaine de fois, au moins. Il s’agit d’une tradition ancestrale que les Sahraouies conservent depuis la nuit des temps, du fait qu’elle permet d’avoir une mousse onctueuse.
Malgré que les techniques de préparation du thé varient d’une région à une autre, cette tradition reste commune à toutes les villes du Royaume, au fut de son effet magique sur l’égorgée de thé. Juste après, le préparateur y ajoute quelques feuilles vertes de l’arbre robuste « la Talha », or vert du Sahara, en raison de ces bienfaits pour l’estomac.
Après un spectacle amusant et mémorable, vient le temps de déguster le thé Sahraoui dont le goût suave ne vous quittera surement pas. Obligatoirement, le verre de thé n’est pas rempli et il bu en une seule gorgée ou deux en signe d’irrésistibilité.
Au Sahara, la traditionnelle cérémonie du thé se déroule en trois temps durant lesquels trois tournées ont une signification particulière, faisant référence au cycle de la vie. Une tradition bien illustrée dans la citation sahraouie : « Le premier thé est âpre comme la vie, le deuxième thé est doux comme l’amour, le troisième thé est suave comme la mort».
La cérémonie du thé est un moment de découverte à ne pas rater dans votre voyage dans les provinces du Sud. Rien de mieux qu’un verre de thé bien épicé dans une réunion en plein Sahara pour donner un goût cent pour cent sahraoui à votre voyage.